Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/238

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veut, voir Paris et Londres ; mais il ne se montrera jamais à Parme. Ce mot donna comme un frisson à la duchesse.

Elle envoya un courrier à son neveu, et lui donna rendez-vous à Plaisance. Faut-il dire que ce courrier était porteur de tous les moyens d’argent et de tous les passe-ports nécessaires ?

Arrivé le premier à Plaisance, Fabrice courut au-devant de la duchesse, et l’embrassa avec des transports qui la firent fondre en larmes. Elle fut heureuse que le comte ne fût pas présent ; depuis leurs amours, c’était la première fois qu’elle éprouvait cette sensation.

Fabrice fut profondément touché, et ensuite affligé des plans que la duchesse avait faits pour lui ; son espoir avait toujours été que, son affaire de Waterloo arrangée, il finirait par être militaire. Une chose frappa la duchesse et augmenta encore l’opinion romanesque qu’elle s’était formée de son neveu ; il refusa absolument de mener la vie de café dans une des grandes villes d’Italie.

— Te vois-tu au Corso de Florence ou de Naples, disait la duchesse, avec des chevaux anglais de pur sang ! Pour le soir, une voiture, un joli appartement, etc. Elle insistait avec délices sur la description de ce bonheur vulgaire qu’elle voyait