Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/252

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Sacca, près du Pô, qui a l’avantage de n’être qu’à une demi-heure de distance des États autrichiens.

L’amour et l’amour-propre de la duchesse eurent un moment délicieux ; elle regarda le comte, et ses yeux se mouillèrent de larmes. Un ministre si puissant, environné de cette foule de courtisans qui l’accablaient d’hommages égaux à ceux qu’ils adressaient au prince lui-même, tout quitter pour elle et avec cette aisance !

En rentrant dans les salons, elle était folle de joie. Tout le monde se prosternait devant elle.

Comme le bonheur change la duchesse, disaient de toutes parts les courtisans, c’est à ne pas la reconnaître. Enfin cette âme romaine et au-dessus de tout daigne pourtant apprécier la faveur exorbitante dont elle vient d’être l’objet de la part du souverain !

Vers la fin de la soirée, le comte vint à elle : — Il faut que je vous dise des nouvelles. Aussitôt les personnes qui se trouvaient auprès de la duchesse s’éloignèrent.

— Le prince en rentrant au palais, continua le comte, s’est fait annoncer chez sa femme. Jugez de la surprise ! Je viens vous rendre compte, lui a-t-il dit, d’une soirée fort aimable, en vérité, que j’ai passée chez la Sanseverina. C’est elle qui