Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/388

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fort sérieux : il pria Ludovic de l’attendre un instant, rentra dans l’église presque en courant, et à peine y fut-il que de nouveau il se précipita à genoux ; il baisait humblement les dalles de pierre. C’est un miracle, Seigneur, s’écriait-il les larmes aux yeux ; quand vous avez vu mon âme disposée à rentrer dans le devoir, vous m’avez sauvé. Grand Dieu ! il est possible qu’un jour je sois tué dans quelque affaire : souvenez-vous au moment de ma mort de l’état où mon âme se trouve en ce moment. Ce fut avec les transports de la joie la plus vive que Fabrice récita de nouveau les sept psaumes de la pénitence. Avant que de sortir il s’approcha d’une vieille femme qui était assise devant une grande madone et à côté d’un triangle de fer placé verticalement sur un pied de même métal. Les bords de ce triangle étaient hérissés d’un grand nombre de pointes destinées à porter les petits cierges que la piété des fidèles allume devant la célèbre madone de Cimabué. Sept cierges seulement étaient allumés quand Fabrice s’approcha ; il plaça cette circonstance dans sa mémoire avec l’intention d’y réfléchir ensuite plus à loisir.

— Combien coûtent les cierges ? dit-il à la femme.

— Deux bajocs pièce.