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nouvelle de la démission du comte eut l’effet de guérir de sa goutte le général Fabio Conti, comme nous le dirons en son lieu, lorsque nous parlerons de la façon dont le pauvre Fabrice passait son temps à la citadelle, pendant que toute la ville s’enquérait de l’heure de son supplice.

Le jour suivant, le comte revit Bruno, cet agent fidèle qu’il avait expédié sur Bologne ; le comte s’attendrit au moment où cet homme entrait dans son cabinet ; sa vue lui rappelait l’état heureux où il se trouvait lorsqu’il l’avait envoyé à Bologne, presque d’accord avec la duchesse. Bruno arrivait de Bologne, où il n’avait rien découvert ; il n’avait pu trouver Ludovic, que le podestat de Castelnovo avait gardé dans la prison de son village.

— Je vais vous renvoyer à Bologne, dit le comte à Bruno : la duchesse tiendra au triste plaisir de connaître les détails du malheur de Fabrice. Adressez-vous au brigadier de gendarmerie qui commande le poste de Castelnovo…

Mais non ! s’écria le comte en s’interrompant ; partez à l’instant même pour la Lombardie, et distribuez l’argent et en grande quantité à tous nos correspondants. Mon but est d’obtenir de tous ces gens-là des rapports de la nature la plus encourageante. Bruno ayant bien compris le but de sa mission, se mit à écrire ses lettres de créance ; comme le comte lui donnait ses dernières instruc-