Notre souverain actuel n’est pas sûr de vouloir la même chose trois jours de suite ; par conséquent, pour qu’on puisse être sûr de lui, il faut vivre continuellement avec lui et ne le laisser parler à personne. Comme cette vérité n’est pas bien difficile à deviner, le nouveau parti ultra, dirigé par ces deux bonnes têtes, Rassi et la marquise Raversi, va chercher à donner une maîtresse au prince. Cette maîtresse aura la permission de faire sa fortune et de distribuer quelques places subalternes ; mais elle devra répondre au parti de la constante volonté du maître.
Moi, pour être bien établie à la cour de votre altesse, j’ai besoin que le Rassi soit exilé et conspué ; je veux, de plus, que Fabrice soit jugé par les juges les plus honnêtes que l’on pourra trouver ; si ces messieurs reconnaissent, comme je l’espère, qu’il est innocent, il sera naturel d’accorder à monsieur l’archevêque que Fabrice soit son coadjuteur avec future succession. Si j’échoue, le comte et moi nous nous retirons ; alors je laisse en partant ce conseil à votre altesse sérénissime : elle ne doit jamais pardonner à Rassi, et jamais non plus sortir des États de son fils. De près, ce bon fils ne lui fera pas de mal sérieux.
— J’ai suivi vos raisonnements avec toute l’attention requise, répondit la princesse en souriant ; faudra-t-il donc que je me charge du soin de donner une maîtresse à mon fils ?