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de n’en rien dire au comte. Ceci mène tout droit à des supplices ; déjà il veut que je fasse enlever en France, près d’Antibes, Ferrante Palla, ce grand poëte que j’admire tant. Il est là sous le nom de Poncet.

— Le jour où vous ferez pendre un libéral, Rassi sera lié au ministère par des chaînes de fer, et c’est ce qu’il veut avant tout ; mais votre altesse ne pourra plus annoncer une promenade deux heures à l’avance. Je ne parlerai ni à la princesse, ni au comte du cri de douleur qui vient de vous échapper ; mais, comme d’après mon serment je ne dois avoir aucun secret pour la princesse, je serais heureuse si votre altesse voulait dire à sa mère les mêmes choses qui lui sont échappées avec moi.

Cette idée fit diversion à la douleur d’acteur chuté qui accablait le souverain.

— Eh bien ! allez avertir ma mère : je me rends dans son grand cabinet.

Le prince quitta les coulisses, traversa le salon par lequel on arrivait au théâtre, renvoya d’un air dur le grand-chambellan et l’aide de camp de service qui le suivaient ; de son côté, la princesse quitta précipitamment le spectacle ; arrivée dans le grand cabinet, la grande-maîtresse fit une profonde révérence à la mère et au fils, et les laissa seuls. On peut juger de l’agitation de la cour, ce sont là les choses qui la rendent si amusante. Au