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quefois. Là, Fabrice était certain d’entendre parler des fêtes splendides données par le marquis Crescenzi à l’occasion de son mariage : or, c’est ce qu’il n’était pas sûr de pouvoir supporter sans se donner en spectacle.

Lorsque la cérémonie du mariage eut lieu, il y avait huit jours entiers que Fabrice s’était voué au silence le plus complet, après avoir ordonné à son domestique et aux gens de l’archevêché avec lesquels il avait des rapports de ne jamais lui adresser la parole.

Monsignor Landriani, ayant appris cette nouvelle affectation, fit appeler Fabrice beaucoup plus souvent qu’à l’ordinaire, et voulut avoir avec lui de fort longues conversations ; il l’obligea même à des conférences avec certains chanoines de campagne, qui prétendaient que l’archevêché avait agi contre leurs priviléges. Fabrice prit toutes ces choses avec l’indifférence parfaite d’un homme qui a d’autres pensées. Il vaudrait mieux pour moi, pensait-il, me faire chartreux ; je souffrirais moins dans les rochers de Velleja.

Il alla voir sa tante, et ne put retenir ses larmes en l’embrassant. Elle le trouva tellement changé, ses yeux, encore agrandis par l’extrême maigreur, avaient tellement l’air de lui sortir de la tête, et lui-même avait une apparence tellement chétive et malheureuse, avec son petit habit noir et râpé de simple prêtre, qu’à ce premier abord la