Page:Stendhal - La chartreuse de Parme (Tome 2), 1883.djvu/397

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 393 —

sonne se serait déjà écriée : Revenez bien vite et chassez-moi tous ces va-nu-pieds. Dès aujourd’hui, si la femme de l’homme de génie daignait faire une démarche, si peu significative qu’elle fût, on rappellerait le comte avec transport ; mais il rentrera par une bien plus belle porte, s’il veut attendre que le fruit soit mûr. Du reste, on s’ennuie à ravir dans les salons de la princesse, on n’y a pour se divertir que la folie du Rassi, qui, depuis qu’il est comte, est devenu maniaque de noblesse. On vient de donner des ordres sévères pour que toute personne qui ne peut pas prouver huit quartiers de noblesse n’ose plus se présenter aux soirées de la princesse (ce sont les termes du rescrit). Tous les hommes qui sont en possession d’entrer le matin dans la grande galerie, et de se trouver sur le passage du souverain lorsqu’il se rend à la messe, continueront à jouir de ce privilège ; mais les nouveaux arrivants devront faire preuve des huit quartiers. Sur quoi l’on a dit qu’on voit bien que Rassi est sans quartier.

On pense que de telles lettres n’étaient point confiées à la poste. La comtesse Mosca répondait de Naples : « Nous avons un concert tous les jeudis, et conversation tous les dimanches ; on ne peut pas se remuer dans nos salons. Le comte est enchanté de ses fouilles, il y consacre mille francs par mois, et vient de faire venir des ouvriers des montagnes de l’Abruzze, qui ne lui