Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/133

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quels l’obligeait l’emploi que Lamiel avait l’honneur de remplir auprès de vous.

Il ne négligea rien pour donner de vifs remords à sa nouvelle amie. Ces remords, auxquels, tous les jours, la duchesse trouvait quelque objection, furent une nouvelle cause d’intimité entre le médecin de campagne et la grande dame. Cette intimité arriva à ce point que le docteur se dit :

« Puisque je ne veux pas en faire ma femme, je puis lui parler d’amour. »

Bien entendu, d’abord, il ne fut question que d’amour platonique ; c’était une ruse que Sansfin employait toujours, afin de détourner l’attention de la femme à séduire et de lui faire oublier l’affreux défaut de sa taille.

C’était ce malheur qui, dès la première enfance, avait accoutumé le docteur à donner une extrême attention aux moindres détails. Dès l’âge de huit ans, sa vanité incroyable était offensée d’un demi-sourire qu’il voyait éclater de l’autre côté de la rue, comme il passait.

Sous prétexte d’être très frileux, le docteur avait adopté l’usage de porter des manteaux magnifiques et des fourrures de toute espèce ; il se figurait que le défaut de sa taille en était dissi-