Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/176

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oiseau paraît dans le ciel qui s’abat sur lui et lui arrache un œil.

Lamiel fut très piquée de cette fin de non-recevoir.

— On veut me tromper sur tout ce qui a rapport à l’amour ; donc il ne faut plus demander d’éclaircissements à personne et ne croire que ce que je verrai par moi-même.

L’annonce d’un danger extrême, que le prudent docteur avait fait entrer dans sa réponse, piqua le courage de Lamiel :

— Voyons si je sentirais du danger, s’écria-t-elle ; tout ce que je sais de pure pratique sur l’amour, c’est ce que mon oncle m’a bien voulu apprendre en me répétant qu’il ne faut pas aller au bois avec un jeune homme ; eh bien ! moi, j’irai au bois avec un jeune homme, et nous verrons. Et quant à mon petit abbé Clément, je veux redoubler d’amitié pour lui afin de le faire enrager. Il était bien drôle hier au moment où il a tiré sa montre d’un air en colère ; si j’avais osé, je l’aurais embrassé. Quelle mine aurait-il faite ?

Lamiel en était au plus fort de sa curiosité sur l’amour, quand un jour, en entrant chez la duchesse, elle vint à interrompre brusquement sa