Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/200

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Mais il était de l’intérêt du docteur de ne se trouver à Carville qu’au moment où l’on y apprendrait le résultat définitif de la révolte de Juillet. La duchesse eut bientôt une idée : son fils avait les nerfs en très mauvais état, ce jeune homme travaillait trop, comme tous les élèves de l’École polytechnique ; il fallait lui faire prendre des bains de mer pendant quinze jours, mais il ne fallait pas aller chercher la mer à Dieppe, ville séduite par l’amabilité de Mme la duchesse de Berri et qui serait en butte aux soupçons des jacobins. Il fallait tout bonnement aller chercher la mer au Havre : le commerce tremblant pour ses magasins ne souffrirait pas le pillage en cette ville, si les jacobins avaient le dessus ; et si la cour triomphait, ainsi que le docteur le trouvait fort probable, il serait impossible pour les méchants, habitant les châteaux voisins, d’attacher du ridicule à ce petit voyage de la duchesse. La maigreur et la pâleur de Fédor montraient assez que sa santé était attaquée par l’excès du travail ; la chaleur était excessive, et il avait obéi au conseil du docteur qui prescrivait les bains de mer. La duchesse n’avait pas voulu aller à Dieppe, parce qu’elle n’avait pas voulu