Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/222

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m’attendre à la croisée des chemins, à un quart de lieue du village, auprès de la grande croix ; j’irai te rejoindre dans un quart d’heure.

Jean Berville se mit en marche et s’assit au pied de la croix, sans se douter de rien.

Lamiel arriva.

— Mène-moi me promener au bois, lui dit-elle.

Le curé défendait surtout aux jeunes filles d’aller se promener au bois. Quand elle fut dans le bois et dans un lieu fort caché, entouré de grands arbres et derrière une sorte de haie, elle dit à Jean :

— Embrasse-moi, serre-moi dans tes bras.

Jean l’embrassa et devint fort rouge. Lamiel ne savait que lui dire ; elle resta là à penser un quart d’heure en silence, puis dit à Jean :

— Allons-nous-en ; toi, va-t’en jusqu’à Charnay, à une lieue de là, et ne dis à personne que je t’ai mené au bois.

Jean, fort rouge, obéit ; mais le lendemain, de retour à l’école, Jean la regardait beaucoup. Huit jours après, arriva le premier lundi du mois. Lamiel allait toujours se confesser ce jour-là. Elle raconta au saint prêtre sa promenade dans le bois ; elle n’avait garde de rien lui cacher, dévorée qu’elle était par la curiosité.