Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

horrible, et remit au jeune duc un passeport avec un nom ainsi écrit : Geanne Gertait Leviail. C’est moi qui ai écrit : j’aurais écrit tout ce que j’aurais voulu.

Le duc lui donna pour étrenne autant de napoléons que Lairel espérait de francs.

À huit heures, il alla passer devant la porte de Hautemare et se mit près de la portière, le passeport à la main ; Lamiel le remarqua fort bien.

— Il n’est pourtant pas nigaud, se dit-elle ; mais peut-être que Duval est de retour au château ! Puis, bien contre son attente, elle eut pitié des deux pauvres vieillards qu’elle allait abandonner. Elle leur écrivit une fort longue lettre, assez bien faite. Elle commençait par faire don à sa tante de toutes ses belles robes, puis elle promit qu’elle reviendrait dans deux mois et sans avoir manqué à ses devoirs. Enfin, elle conseillait à ses excellents parents de dire qu’elle était partie de leur consentement pour aller soigner une vieille tante malade, près d’Orléans, dans leur pays.