Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/370

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noblesse qui le fréquente et qui traite ce médecin grotesque avec toute la hauteur du hobereau normand. Émoustillée par ces signes de mépris, la vanité de Sansfin se démène dans tous les sens et parvient enfin à saisir la place de remède à l’ennui qui fait le supplice de la duchesse. Cette place est restée vacante depuis la maladie de Lamiel. Après cette première victoire, la vanité de Sansfin prend des ailes ; il songe à la fois à prendre le p. de Lamiel et à se faire épouser par la duchesse.

4o Sansfin est exalté par ces idées hardies, la vie commence pour lui ; il parvient à oublier l’état d’humiliation profonde et de timidité que son imagination admirable avait tiré jusque-là de sa pauvreté et de son imperfection physique.

L’esprit de Lamiel, éclairé par les réflexions profondes et cependant parfaitement claires que Sansfin consacrait à son éducation, lui faisait faire des progrès immenses. Sansfin lui disait la vérité sur tout.

— Ce n’est qu’à force d’esprit, si la nature lui en a donné le germe, que cette jeune fille peut s’apercevoir un jour que, malgré mon imperfection physique, je vaux mieux que la plupart des hommes.

Cette éducation, donnée avec passion et par un homme qui disait la vérité sur tout et en se servant des termes les plus clairs, fut aidée par les dix-sept ans de Lamiel…