Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/101

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était plus particulièrement composée de huit femmes dont la plus jeune avait bien cinquante ans. Le valet de chambre Poitevin était bien plus âgé encore ainsi que les trois laquais qui seuls avaient le privilège d’entrer dans la longue suite des pièces qui occupaient le premier étage. Il y avait un magnifique jardin composé d’allées de tilleuls et de charmilles sévèrement taillés trois fois par an. Deux jardiniers soignaient un magnifique parterre planté de fleurs et qui s’étendait sous les fenêtres du château ; mais dès le second jour, il fut décidé que Lamiel ne pourrait se promener, même dans le parterre, que dans la compagnie d’une des femmes de chambre de madame, et ces demoiselles trouvaient toujours qu’il faisait trop humide, ou trop chaud, ou trop froid pour se promener. Quant à l’intérieur du château, ces demoiselles qui, presque toutes, prétendaient à la jeunesse, quoique dépassant de loin la cinquantaine, avaient découvert que le grand jour était de mauvais ton ; il faisait voir les rides, etc., etc. Enfin, à peine un mois s’était écoulé que Lamiel périssait d’ennui, et sa vie n’était pas trop égayée par le numéro de la fidèle Quotidienne, dont tous les soirs elle faisait la lecture à Madame. Quelle différence avec la vie de Mandrin, à ses yeux le livre le plus amusant du monde !