Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/165

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dupes qu’à des fripons : c’est là le fin mot de ce prétendu usage du monde dont les femmes de son rang parlent sans cesse. Vous ne devez point croire ce que je vous dis. Appliquez-moi la règle que je vous explique, qui sait si je n’ai point quelque intérêt à vous tromper ? Je vous ai bien dit qu’environné d’êtres grossiers avec lesquels il faut toujours mentir pour n’être pas victime de la force brutale dont ils disposent, c’est une bonne fortune pour moi que de trouver un être rempli du génie naturel. Cultiver ce génie et oser dire la vérité est pour moi un plaisir charmant et qui me délasse de tout ce que je fais pendant la journée pour gagner de quoi vivre. Peut-être que tout ce que je vous dis est un mensonge. Ne m’en croyez donc point aveuglément, mais observez si, par hasard, ce que je vous dis ne serait point une vérité. Ainsi, est-ce que je vous dis un mensonge quand je vous fais remarquer un évènement arrivé hier soir ? La duchesse parle sans cesse de bonté, et hier soir et ce matin, elle a été toute joyeuse de l’accident arrivé à sa bonne amie, Mme la comtesse de Sainte-Foi, que ses chevaux ont jetée dans un fossé avant-hier soir, lorsqu’elle regagnait son château, à une lieue d’ici.

Sansfin disparut après ces mots. Telle