Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/169

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deux heures après avoir reçu sa lettre, et de venir passer huit jours à Carville. Cette École polytechnique fut une des erreurs du pauvre duc ; elle a été républicaine même sous Napoléon ; Dieu sait si messieurs de la gauche auront négligé de la fanatiser !

— Un duc de Miossens républicain ! s’écria-t-elle avec dégoût, en vérité cela serait beau !

Mais il n’y avait pas deux heures que la duchesse avait réexpédié son courrier dans le plus grand secret, que le docteur savait que le jeune duc allait venir au château. C’était un des événements qu’il craignait le plus. « Ce jeune homme a une charmante figure, il porte un uniforme, cela seul suffirait pour rappeler Napoléon aux yeux de Lamiel et peut m’enlever ma charmante amie ; j’ai déjà eu bien de la peine à la sauver de ce petit abbé Clément, dont la vertu timide travaillait pour moi. En vérité, je ne puis pas compter sur la même retenue de la part du jeune duc, lequel est mené par un valet de chambre fripon ; ce valet pourrait bien faire entendre le fin mot de tout ceci à ma petite Lamiel, et alors je me serais donné la peine de faire une femme d’esprit pour que ses rendez-vous avec le jeune duc soient plus piquants. »