Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/232

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Lairel réfléchit beaucoup ; cet homme avait beaucoup de caractère, de force de volonté et peu d’esprit ; il n’inventait pas. Le duc fut obligé, pour la première fois de sa vie, de penser et d’inventer. Il eut bientôt trouvé un moyen.

— Vous avez une nièce, demandez un passeport pour elle ; elle a fait un héritage à Forges, plus loin que Rouen ; mais elle doit parler à un procureur de Rouen et ensuite à un parent cohéritier qui habite Dieppe. Peut-être devra-t-elle aller à Paris. Donc, mon cher Lairel, passeport pour Rouen, Dieppe et Paris. Vous me remettrez le passeport ; trois jours après, vous déclarez au maire qu’elle a égaré le passeport. Qu’on lui donne ou non un nouveau passeport, elle se dégoûte de ce voyage, car un passeport perdu est un mauvais augure, et elle reste. Je vous ferai écrire de Rouen une lettre qui parlera de l’héritage et dira qu’il n’est plus besoin du voyage.

— Je vais faire tout ça de point en point, dit Lairel : mais l’honneur ! Le nom de ma pauvre nièce va être porté par quelque demoiselle que monsieur le duc fait venir de Paris.

— Vous avez peut-être raison, mais changez un peu l’orthographe du nom de votre nièce. Comment s’appelle-t-elle ?