Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/307

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trer dans la cour la voiture du comte ; elle descendit précipitamment.

— Hé vite ! hé vite ! dit-elle au cocher en montant d’un saut et sans attendre le bras du laquais, sauvez-vous ; je ne veux pas être chez moi pour un ami à qui j’ai donné rendez-vous.

— Où va madame ?

— À la barrière d’Enfer.

En descendant la rue de Bourgogne, au bout du pont Louis XVI, elle vit un jeune homme couvert de crotte. Son cœur battit avec violence. Il était bien loin d’avoir un jabot trop empesé — une cravate noire, réduite à l’état de corde, ne cachait pas une chemise de grosse toile et qui n’était pas fraîche du matin — c’était le pauvre abbé Clément, cousin de…

Lamiel fait arrêter, le laquais descend et se fait attendre au moins deux secondes, à soigner ses beaux bas blancs bien tirés.

— Hé ! venez donc, lui dit avec impatience Lamiel, qui ne se fâchait jamais avec les gens. Dites à ce monsieur vêtu en noir, qu’une dame veut lui parler, priez-le de monter.

Le laquais était si bien vêtu et l’abbé Clément si simple, qu’il s’épuisait à saluer le laquais ; quoi que pût lui dire celui-ci, l’abbé répondait par ces mots :

— Mais, monsieur, qu’y a-t-il pour votre