Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/312

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Lamiel à chercher un refuge ; l’air honnête de la maîtresse de maison l’avait frappée. L’abbé la trouva établie dans une chambre du second étage ; tout le reste de la maison était occupé. Il recula de surprise en la voyant ; le chapeau commun qu’elle avait acheté la veille, rue du Dragon, était couvert d’un voile noir très épais et quand Lamiel le leva, l’abbé aperçut une figure étrange. Lamiel, qui commençait à savoir lire dans les cœurs, croyait avoir deviné la raison qui, la veille, faisait hésiter l’abbé à lui accorder un second rendez-vous, et elle s’était rendue laide à l’aide du vert de houx.

Elle dit en riant à l’abbé :

— Vous sembliez croire hier que la coquetterie était la source principale de ma mauvaise conduite ; voyez comme je suis coquette.

Elle continua d’un air plus sérieux.

— Je n’ai pas cru faire mal en me donnant à des jeunes gens pour lesquels je n’avais aucun goût. Je désire savoir si l’amour est possible pour moi. Ne suis-je pas maîtresse de moi ? à qui est-ce que je fais tort ? À quelle promesse est-ce que je manque ?

Une fois entrée dans les pourquoi, Lamiel fit bientôt courir à l’abbé Clément des dangers bien différents de ceux qu’il