Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/346

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Sansfin songeait à rien moins que ses propos peu mesurés pouvaient briser tout à coup sa liaison avec la duchesse de Miossens et avec toutes les dames nobles qui habitaient les châteaux qui, à six lieues à la ronde environnaient celui de Carville. Or il aimait deux choses presque également : admirer de près les beaux bras et les belles épaules de ces dames et les saluer devant les paysans et d’un air d’intimité quand ses chevaux rencontraient les leurs.

Dans ses paroxysmes d’éloquence, Sansfin, enivré de ses paroles, aurait attaché bien peu d’importance à la double imprudence qu’il venait de commettre, il aurait répondu à tous les reproches d’impolitesse par ce seul mot : un médecin tel que moi[1] ! Que j’aie la hardiesse d’aller m’établir à Paris… les journalistes qui distribuent de la réputation aux médecins, que j’aie la bassesse d’être dans les consultations de l’avis de sept à huit médecins à la mode dont j’aurai résolu de faire la conquête, en trois ans, j’acquiers à Paris la réputation et le rang dont je jouis en Normandie. À Paris je fatiguerai chaque jour

  1. À partir d’ici et jusqu’à la fin, l’écriture est encore plus rapide que dans les pages qui précèdent, elle est à peine formée. Il a été possible néanmoins de retrouver le sens général de ces dernières lignes. N. D. L. É.