Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/350

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de ces sortes de châteaux. Ses laquais étaient toujours par voie et par chemin, de la sorte elle faisait venir toutes les primeurs et voulait avoir toutes [1]. Mais aussi elle voulait avoir tout le monde à ses dîners. Elle réussissait à demi. On venait bien manger ses admirables dîners qui souvent revenaient à des prix fous et qui faisaient l’entretien de la province, mais à peine le dîner fini en quittant le château d’Albret [2], ce château la duchesse eût voulu qu’on l’appelât le château de Miossens et non d’Albret. Deux ans auparavant, son mari avait succédé à son père et étant devenu duc, elle avait débaptisé ce château et non sans bonnes raisons valables, mais ce changement de nom elle ne pouvait pas l’obtenir de ses nobles voisins. Son mari ne l’aidait en aucune façon, jamais il ne paraissait en Normandie. Ce mari, pair de France et l’un des plus grands officiers de la Cour de Charles X passait pour être ami de ce prince et ne sortait guère des Tuileries où il passait pour un modèle parfait d’élégance. Il voyait le plus rarement possible sa femme. Il est vrai que c’était elle qui possédait toute la fortune de la maison et qu’elle ne le laissait pas ignorer. Quant à

  1. En blanc dans le manuscrit. N. D. L. É.
  2. En blanc dans le manuscrit. N. D. L. É.