Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/362

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chambre avait repassé la chemise avec un tel luxe d’empois, que la pointe du poignard lancé sur la poitrine en fut comme arrêtée elle ne pénétra qu’en glissant de droite à gauche sous la peau au-dessus des côtes, ce qui n’empêcha pas le jeune tapissier de se croire mort. Il voulut pénétrer en criant dans le salon où se trouvait la duchesse.

— Ce n’est rien, c’est une plaisanterie, demain, il n’y paraîtra plus.

Mais en prononçant ces paroles avec assez de présence d’esprit, Sansfin retenait le jeune tapissier par sa belle cravate qu’il chiffonnait impitoyablement ; ce malheur n’échappa point à Fabien.

— Quelle figure vais-je faire devant ces belles dames qui ne m’ont jamais vu ! se dit-il, j’aurai l’air d’un ouvrier saligot. Cette idée le rendit furieux, il éleva la voix :

— Vous m’avez causé une incapacité de travail de plus de quarante jours et mon père, qui a de bonnes protections à Paris, saura bien vous la faire payer cher. D’ailleurs, Mme la duchesse, à laquelle je vais montrer le signe de votre violence, ne souffrira point qu’on assassine ainsi ses ouvriers.

Pendant qu’on lui adressait-ces paroles, Sansfin réfléchissait que si ce charmant