Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/56

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dant une heure, elle avait été vue en cet équipage par tous les paysans du village et par ses propres domestiques que surtout elle voulait tromper.

— Pourquoi ne pas me mettre dans la confidence ? répétait-elle sans cesse à l’abbé Du Saillard. Est-ce que l’on doit faire quelque chose à mon insu dans mon village ? Est-ce que le clergé veut recommencer ses luttes insensées contre la noblesse ?

Il y avait loin de ce degré d’exaspération à renvoyer à Paris le pauvre Fédor, si pâle et si heureux de courir dans le parterre et de regarder la mer. Cependant, Du Saillard eut le dessus. L’enfant partit tristement, et M. l’abbé Le Cloud me dit :

— Ce Du Saillard ne sait pas parler, mais il sait administrer les petits et séduire les puissants ; l’un de ces talents vaut bien l’autre.

Pendant que le départ de Fédor[1] occupait le château, Mme Hautemare, la femme du bedeau, avait de graves discussions avec son mari et bientôt ces discussions, fidèlement rapportées à la marquise,

  1. Chronologie : Lamiel née en 1814, — en 1818, miracle, elle a 4 ans ; — Fédor 8, — Fédor né en 1810 a vingt ans en 1830.
    Plus loin : Lamiel née en 1811, Fédor de Miossens 1807, — Lamiel a dix-sept ans en 1828.