Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/77

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du docteur ; elles avaient de l’humeur de ne pouvoir rien inventer, quand Mme Hautemare vint à repasser, tenant sa nièce Lamiel par la main. À cette vue, tous les cris prirent une autre direction.

— Hé ! hé ! la revoilà, cette pimbêche, avec sa belle nièce ! s’écria Pierrette.

— Qu’appelles-tu nièce ? dis plutôt avec la fille du diable !

— Qu’appelles-tu fille du diable ? dis donc une bâtarde qu’elle a eue en arrière de son mari et qu’elle a forcé ce gros bonhomme butor à adopter, et cela pour lui faire déshériter son pauvre neveu, Guillaume Hautemare.

— Hé ! par pitié, voisine, ne dites donc rien de malhonnête ! Ayez du moins quelque considération pour cette jeunesse que je conduis avec moi.

Cette prière prononcée d’un ton doctoral fut suivie d’une douzaine de réponses qui partirent à la fois, mais que je ne puis transcrire.

— Regagne la maison en courant, Lamiel, s’écria Mme Hautemare ; et la petite fille partit, enchantée de pouvoir courir. La bonne femme se donna le plaisir d’adresser un sermon en trois points aux laveuses, lorsqu’elles, désolées de ne pouvoir trouver jour à ressaisir la parole, se mirent tout à coup à crier toutes à la