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un roi

que de saint Clément que l’on conserve à Bray-le-Haut, à une petite lieue de la ville. On désirait un clergé nombreux, ce fut l’affaire la plus difficile à arranger ; M. Maslon, le nouveau curé, voulait à tout prix éviter la présence de M. Chélan. En vain, M. de Rênal lui représentait qu’il y aurait imprudence. M. le marquis de La Mole, dont les ancêtres ont été si longtemps gouverneurs de la province, avait été désigné pour accompagner le roi de***. Il connaissait depuis trente ans l’abbé Chélan. Il demanderait certainement de ses nouvelles en arrivant à Verrières, et s’il le trouvait disgrâcié, il était homme à aller le chercher dans la petite maison où il s’était retiré, accompagné de tout le cortège dont il pourrait disposer. Quel soufflet !

— Je suis déshonoré ici et à Besançon, répondait l’abbé Maslon, s’il paraît dans mon clergé. Un janséniste, grand Dieu !

— Quoi que vous en puissiez dire, mon cher abbé, répliquait M. de Rênal, je n’exposerai pas l’administration de Verrières à recevoir un affront de M. de La Mole. Vous ne le connaissez pas, il pense bien à la cour ; mais ici, en province, c’est un mauvais plaisant satirique, moqueur, ne cherchant qu’à embarrasser les gens. Il est capable, uniquement pour s’amuser, de nous couvrir de ridicule aux yeux des libéraux.