Page:Stendhal - Le Rouge et le Noir, I, 1927, éd. Martineau.djvu/365

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votre obéissance, soyez comme un bâton entre ses mains, ajoutait-il, et vous allez obtenir une place superbe où vous commanderez en chef, loin de tout contrôle ; une place inamovible, dont le gouvernement paie le tiers des appointements, et les fidèles, formés par vos prédications, les deux autres tiers.

Au sortir de son cours, M. Castanède s’arrêta dans la cour.

— C’est bien d’un curé que l’on peut dire : Tant vaut l’homme, tant vaut la place, disait-il aux élèves qui faisaient cercle autour de lui. J’ai connu, moi qui vous parle, des paroisses de montagne dont le casuel valait mieux que celui de bien des curés de ville. Il y avait autant d’argent, sans compter les chapons gras, les œufs, le beurre frais et mille agréments de détail ; et là le curé est le premier sans contredit : point de bon repas où il ne soit invité, fêté, etc.

À peine M. Castanède fut-il remonté chez lui, que les élèves se divisèrent en groupes. Julien n’était d’aucun ; on le laissait comme une brebis galeuse. Dans tous les groupes, il voyait un élève jeter un sol en l’air, et s’il devinait juste au jeu de croix ou pile, ses camarades en concluaient qu’il aurait bientôt une de ces cures à riche casuel.