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précautions

n’est plus un miroir, comme vous en avez la prétention…)

Le procès-verbal de Julien avait vingt-six pages ; voici un extrait bien pâle ; car il a fallu, comme toujours, supprimer les ridicules dont l’excès eût semblé odieux ou peu vraisemblable (Voir la Gazette des Tribunaux).

L’homme aux gilets et à l’air paterne (c’était un évêque peut-être), souriait souvent, et alors ses yeux, entourés de paupières flottantes, prenaient un brillant singulier et une expression moins indécise que de coutume. Ce personnage, que l’on faisait parler le premier devant le duc (mais quel duc ? se disait Julien), apparemment pour exposer les opinions et faire les fonctions d’avocat général, parut à Julien tomber dans l’incertitude et l’absence de conclusions décidées que l’on reproche souvent à ces magistrats. Dans le courant de la discussion, le duc alla même jusqu’à le lui reprocher.

Après plusieurs phrases de morale et d’indulgente philosophie, l’homme aux gilets dit :

— La noble Angleterre, guidée par un grand homme, l’immortel Pitt, a dépensé quarante milliards de francs pour contrarier la révolution. Si cette assemblée me permet d’aborder avec quelque franchise