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napoléom a vécu

tué… J’ai besoin de cette certitude pour ne pas me faire horreur à moi-même.

Me tuer ! voilà la grande question, se disait-il. Ces juges si formalistes, si acharnés après le pauvre accusé, qui feraient pendre le meilleur citoyen, pour accrocher la croix… Je me soustrairais à leur empire, à leurs injures en mauvais français, que le journal du département va appeler de l’éloquence…

Je puis vivre encore cinq ou six semaines, plus ou moins… Me tuer ! ma foi non, se dit-il après quelques jours, Napoléon a vécu…

D’ailleurs, la vie m’est agréable ; ce séjour est tranquille ; je n’y ai point d’ennuyeux, ajouta-t-il en riant, et il se mit à faire la note des livres qu’il voulait faire venir de Paris.