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le rouge et le noir

inclination pour eux. Que je serais heureux de les voir souvent !

À peine se fut-on quitté, que le chevalier de Beauvoisis courut aux informations : elles ne furent pas brillantes.

Il était fort curieux de connaître son homme ; pouvait il décemment lui faire une visite ? Le peu de renseignements qu’il put obtenir n’étaient pas d’une nature encourageante.

— Tout cela est affreux ! dit-il à son témoin. Il est impossible que j’avoue m’être battu avec un simple secrétaire de M. de La Mole, et encore parce que mon cocher m’a volé mes cartes de visite.

— Il est sûr qu’il y aurait dans tout cela possibilité de ridicule.

Le soir même, le chevalier de Beauvoisis et son ami dirent partout que ce M. Sorel, d’ailleurs un jeune homme parfait, était fils naturel d’un ami intime du marquis de La Mole. Ce fait passa sans difficulté. Une fois qu’il fut établi, le jeune diplomate et son ami daignèrent faire quelques visites à Julien, pendant les quinze jours qu’il passa dans sa chambre. Julien leur avoua qu’il n’était allé qu’une fois en sa vie à l’Opéra.

— Cela est épouvantable, lui dit-on, on ne va que là ; il faut que votre première sortie soit pour le Comte Ory.