Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/10

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et sur laquelle son imagination dans un cadre tout formé s’est amusée à broder des aventures plausibles.

Henri Beyle, lors d’un congé à Paris en 1833, avait reçu des mains de son amie madame Gaulthier qui sollicitait ses conseils le manuscrit d’un roman intitulé le Lieutenant. Il l’emporta en Italie pour en prendre connaissance tout à loisir, et c’est cette lecture qui le détermina à traiter pour son compte le même sujet.

Madame Gaulthier appartenait à une famille originaire du Dauphiné. Son père, M. Rougier de la Bergerie, était préfet de l’Yonne en 1805. À cette époque, Louis Crozet, l’ancien condisciple de Stendhal à Grenoble et son confident, était ingénieur dans le même département. Il entretint des relations avec la préfecture et connut les demoiselles La Bergerie qui étaient deux sœurs : Blanche et Adèle-Jules. La première dont il était épris personnifiait hélas ! Hermione à ses yeux. Lui-même, dans une de ses lettres à Beyle, qui était alors épicier à Marseille, décrivit une scène bien curieuse où se peint au naturel la sensibilité du temps : lors de ses adieux à la famille La Bergerie, il passe sa der-