Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/128

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Pendant que le docteur parlait lessive, Leuwen, la tête haute, marchait d’un pas ferme, avec la mine intrépide de la résignation et du vrai courage. Il était satisfait de la façon dont il remplissait son devoir. Il monta chez madame d’Hocquincourt, que ses amis de Nancy appelaient familièrement madame d’Hocquin.

Il y trouva le bon M. de Serpierre et le comte de Vassignies. On parlait de l’éternelle politique : M. de Serpierre expliquait longuement, et malheureusement avec preuves, comment les choses allaient au mieux, avant la Révolution, à l’Intendance de Metz, sous M. de Calonne, depuis ministre si célèbre.

— Ce courageux magistrat, disait M. de Serpierre, qui sut poursuivre ce malheureux La Chalotais, le premier des jacobins. On était alors en 1779…[1] »

Leuwen se pencha vers madame d’Hocquincourt et lui dit gravement :

Quel langage, madame, et pour vous et pour moi !

Elle éclata de rire. M. de Serpierre s’en aperçut.

— Savez-vous bien, monsieur,… reprit-il d’un air piqué, en s’adressant à Leuwen…

  1. Voyez le procès de La Chalotais.