Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/160

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devrais écrire ce que je veux lui dire ; où est la femme, quelque indulgente qu’elle soit, qui ne s’offenserait pas d’être appelée mon ange, surtout quand elle ne répond pas du même ton ?), après ce mot si cruellement imprudent, le premier qu’elle m’adressera va décider de mon sort. Elle me chassera, je ne la verrai plus… Il faudra voir madame d’Hocquincourt. Et combien je vais être excédé par ces empressements continus et sans mesure, et il faudra m’y soumettre tous les soirs. Si je m’approche de madame de Chasteller, mon sort peut se décider ici. Et je ne pourrais pas répliquer. D’ailleurs, elle peut être encore dans le premier transport de la colère. Si ce mot est : « Je ne serai pas chez moi avant le 15 du mois prochain ? »

Cette idée fit tressaillir Leuwen.

« Sauvons du moins la gloire. Il faut redoubler de fatuité atroce envers ces noblilions. Leur haine pour moi ne peut pas être augmentée, et ces âmes basses me respecteront en raison directe de mon insolence[1]. »

À ce moment, un des comtes Roller disait à M. de Sanréal, déjà fort animé par le punch :

  1. C’est un fat qui parle.