Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce talent est-il trop payé à 400.000 francs par an ? Là-dessus, je lui prouverai que Sully a été un voleur. Trois ou quatre jours après, je paraîtrai avec ma réserve, qui est superbe : le général Bonaparte, en 1796, en Italie, volait. Auriez-vous préféré un honnête homme comme Moreau, se laissant battre en 1799, à Cassano, à Novi, etc. Moreau coûtait au trésor 200.000 francs peut-être, et Bonaparte trois millions… J’espère que Lucien ne trouvera pas de réponse, et je vous réponds de son séjour à Paris tant qu’il admirera M. de Vaize.

— Si nous pouvons gagner le bout de l’année, dit madame Leuwen, il aura oublié sa madame de Chasteller.

— Je ne sais, vous lui avez fait un cœur si constant ! Vous n’avez jamais pu vous déprendre de moi, vous m’avez toujours aimé en dépit de ma conduite abominable. Pour un cœur tout d’une pièce tel que celui que vous avez fait à votre fils, il faudrait un nouveau goût. J’attends une occasion favorable pour le présenter à madame Grandet.

— Elle est bien jolie, bien jeune, bien brillante.

— Et de plus veut absolument avoir une grande passion.

— Si Lucien voit l’affectation, il prendra la fuite. Etc., etc., etc…