Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/376

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faire nommer préfet à Briançon ou à Pondichéry. Mais si cette place éloignée ne te convient pas plus qu’à moi, je leur ferai peur et j’empêcherai cette disgrâce… Du moins, je le tenterai avec quelque apparence de succès.

Le dîner chez Son Excellence des Affaires étrangères se fit attendre jusqu’au surlendemain, et dans l’intervalle Lucien, toujours très occupé de l’affaire Kortis, ne permit pas que M. de Vaize lui reparlât de l’incident.

Le lendemain du dîner, M. Leuwen père raconta l’anecdote à trois ou quatre diplomates. Il ne tut que le nom de Kortis et le genre de l’affaire importante qui obligeait Lucien à chercher son ministre à une heure du matin.

— Tout ce que je puis dire sur l’heure avancée, c’est que ce n’était pas une affaire de télégraphe, dit-il à l’ambassadeur de Russie.

Quelques jours après, M. Leuwen surprit dans le monde un léger bruit qui supposait que son fils était saint-simonien. Sur quoi, à l’insu de Lucien, il pria M. de Vaize de le conduire un jour chez son collègue des Affaires étrangères.

— Et pourquoi, cher ami ?

— Je tiens beaucoup à laisser à Votre Excellence le plaisir de cette surprise.