Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/385

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et qui sait même, plus tard, à trente ans, un inventeur de quelque nouvelle religion. Tout ce que je puis faire, c’est de lui laisser le choix de la belle pour laquelle il aura ce grand et sérieux attachement. Sera-ce madame de Chasteller, madame Grandet, mademoiselle Gosselin, ou cette ignoble petite Raimonde, une actrice à 6.000 francs de gages ? » (il n’ajoutait pas la fin de sa pensée :… et qui, toute la journée, se permet des épigrammes sur mon compte, car mademoiselle Raimonde avait beaucoup plus d’esprit que mademoiselle Des Brins et la voyait souvent.)

— Ah ! ne prononcez pas le nom de madame de Chasteller ! s’écria madame Leuwen. Vous lui feriez faire de vraies folies.

M. Leuwen songeait à mesdames de Thémines et Toniel, ses amies depuis vingt ans et toutes deux fort liées avec madame Grandet. Depuis bien des années il prenait soin de la fortune de M. de Thémines ; c’est un grand service à Paris et pour lequel la reconnaissance est sans bornes, car, dans la déroute des dignités et de la noblesse d’origine, l’argent est resté la seule chose, et l’argent sans inquiétude est la belle chose des belles choses. Il alla leur demander des nouvelles du cœur de madame Grandet.

Nous ôterons à leurs réponses les formes