Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/273

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— Voilà de belles calembredaines, lui dit un de ses députés plus hardi que les autres.

L’œil de M. Leuwen brilla, il lui vint deux ou trois réponses, mais il sourit agréablement. « Il n’y a qu’un sot, pensa-t-il, qui coupe la branche de l’arbre sur laquelle il est à cheval. »

Tous les yeux étaient fixés sur M. Leuwen. Un autre député enhardi, s’écria :

— Notre ami Leuwen nous sacrifie tous à un bon mot !

— Si vous voulez rompre mes relations, vous en êtes bien les maîtres, messieurs, dit Leuwen d’un ton grave. Auquel cas, je serai obligé de faire agrandir ma salle à manger pour recevoir les nouveaux amis qui me demandent chaque jour de voter avec moi.

— Là ! Là ! la paix ! s’écria un député rempli de bon sens. Que serions-nous sans M. Leuwen ? Quant à moi, je l’ai choisi pour général en chef pour toute ma carrière législative, je ne lui serai jamais infidèle.

— Ni moi.

— Ni moi.

Les deux députés qui avaient parlé hésitant, M. Leuwen alla leur prendre la main et voulut bien essayer de leur faire entendre qu’en acceptant ces huit places