Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/117

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après avoir forcé la porte d’une maison inhabitée voisine de la sienne et y avoir pris un fusil.

Le lendemain, sa famille le fit chercher ; on suivit les bords assez escarpés de la Creuse, où l’on croyait qu’il avait pu se jeter. Bientôt l’attention fut attirée par une forte odeur de poudre qui sortait d’une grotte très profonde, située au-dessus de la Creuse. On y entra, la grotte était sombre. D’abord on trouva un sabot, puis on aperçut un pied froid et nu. On tira le cadavre au dehors. C’était Marandon : il s’était tué d’un coup de fusil au cœur.

Dans le moment où le corps fut retrouvé, la femme Ganthier était absente d’Argenton : elle était allée voir sa mère, qui, depuis le crime, la repoussait ; elle voulait tenter une réconciliation. À son retour, on lui dit dans la rue la mort de son amant ; elle tomba de cheval. On la releva et on la surveilla attentivement, car elle avait parlé de se tuer. Mais elle échappa à ses gardiens, monta au plus haut de sa maison, et se jeta par une lucarne. Elle tomba d’une hauteur de quarante pieds environ. Elle en fut quitte pour de légères contusions, et survécut pour être amenée devant le jury, sous le poids d’une accusation de complicité. Sur quels faits reposait cette accusation, cela sans doute vous importe