Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/147

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pour augmenter la prospérité d’un des faubourgs de Londres.

Chaumont est situé sur un pain de sucre aplati. De la fenêtre de mon auberge, je n’aperçois que des coteaux arides et pelés et trois arbres rabougris, pas davantage, qui ornent ces coteaux. Tout manque à Chaumont, il n’y a pas même d’eau ; on ne peut trouver à acheter ni une volaille ni un pâté chaud. Chaque bourgeois tire ses provisions de sa campagne ; mais il y a si peu d’étrangers qu’un pâtissier y mourrait de faim. Il y a beaucoup de chevreuils, de sangliers et de gibier de toute espèce dans les immenses forêts qui couvrent le sol de ce département ; mais tout cela s’envole chez madame Chevet. Il est triste que Chaumont ne soit pas au milieu d’une de ces forêts.

On m’a dit ce matin : L’assemblée ce soir est chez madame une telle. À cette assemblée on a beaucoup parlé des procédés sauvages des alliés qui occupèrent Chaumont en 1814, lors de la campagne de France. Décidément ces gens-là sont moins civilisés que nous. En Allemagne, vers 1806 ou 1809, quelques commandants de place, laissés sur les derrières, se faisaient donner quarante francs par jour par la municipalité de la ville où ils commandaient ; mais, trois fois la semaine, ils