Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/188

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poids ; mais les Beaunois répondirent qu’ils aimaient mieux faire fondre les médailles.

Beaune a produit le sénateur Monge. À la vérité, il n’avait pas d’esprit ; ce n’était qu’un homme de génie avec lequel Napoléon aimait à converser toutes les fois qu’il en trouvait l’occasion. Mon ami de Beaune m’a paru très piqué des plaisanteries que l’on fait contre sa ville. — Que le conseil municipal de Beaune, lui ai-je dit, acquitte de ses deniers une partie des cotes d’impositions de six francs et au-dessous, quand l’imposé prouvera que lui ou ses enfants savent lire. Tous les journaux parleront de cette originalité, et le renom désagréable s’éteindra peu à peu.

En allant à Chaumont, j’avais passé devant Pomard, Volnay et Meursault ; mais j’apprends seulement aujourd’hui la cause secrète de la richesse de ces lieux célèbres ; ils produisent un vin blanc qui a la propriété de se mêler aux vins rouges et de leur donner du feu sans les altérer.

On m’avait conseillé d’aller voir la célèbre colonne de Cussy près Nolay, patrie de Carnot ; mais il faut prendre la traverse, il n’y a pas de poste, et les habitants du pays passent pour abuser de la position des voyageurs qui sont à leur discrétion. Je me suis abstenu.

Au milieu d’un vallon pittoresque et