Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/217

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d’argent. Trajan, le seul homme de l’antiquité, après Alexandre et César, qui fasse songer à Napoléon, y fit bâtir plusieurs édifices.

Lyon fut dans les Gaules le berceau de la religion chrétienne, et elle est encore, ce me semble, la ville la plus croyante. Ce n’est pas du fanatisme vif, comme à Toulouse, c’est une abnégation de soi-même, et une confiance complète dans le prêtre, qui m’étonne toujours. Je connais vingt particuliers riches qui donnent le dix pour cent de leur revenu à la bonne cause.

Sous Henri IV et Louis XIV, Lyon formait comme un État à part ; la famille régnante s’appelait Villeroy[1], et souvent l’archevêque du nom de Villeroy fut en même temps gouverneur. On sait le conte de ce Villeroy, lieutenant général, qui succédait, comme gouverneur de Lyon à son oncle, lequel avait été, à la fois, gouverneur et archevêque. Le nouveau gouverneur, en montant en carrosse le jour de son entrée, se mit à distribuer des bénédictions à droite et à gauche, et comme l’on hasardait quelques représentations : « Je l’ai vu faire à mon oncle, » répondit-il fièrement, et il continua.

  1. Mémoires de Saint-Simon. Le Villeroy régnant mettait des impôts dont il ne rendait compte à personne.