Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/238

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bonheur et des rires fous parmi les femmes présentes en grand nombre. Après avoir bien des fois excité leur joie aux dépens de la dame, il parla des beaux garçons qui, parmi tous les genres de travaux que la société présente à l’activité de la jeunesse, savent choisir ceux qui sont les moins pénibles, du moins en apparence.

— Vous êtes trop éloquent et un peu trop impudent, dit tout à coup René d’un grand sang-froid. Vous irez aux galères, et c’est moi qui vais avoir l’honneur de mettre en cage un oiseau si plaisant. Messieurs, dit-il en se tournant vers les juges, j’ai vu ces gens commettre le vol ; monsieur a sauté le premier dans le jardin, etc., etc. René raconte toutes les circonstances ; les voleurs sont atterrés et lui adressent des injures.

Mais peu à peu madame Saint-Molaret, enchantée d’abord, commence à comprendre que ce n’était pas pour elle que René était caché dans un arbre ; elle lui adresse des reproches, d’abord à voix basse, mais bientôt tous les voisins sont dans la confidence. Il y a scène publique. René, d’un air fort poli et sans s’émouvoir le moins du monde, reconduit la dame à sa voiture, et onques depuis n’a revu son hôtel ni prononcé son nom.

Ce pauvre garçon commençait à respirer