Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/258

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On va plus loin ; une élève est toujours obligée de raconter ce qu’a pu lui dire son amie intime, dès que madame la directrice le lui demande. On craint la confiance qu’une élève pourrait avoir dans une autre, et l’amitié passionnée qui peut-être en serait la suite.

On veut, avant tout, qu’il n’y ai jamais d’émotions vives. On les combat par la défiance.

Qu’on juge du ravage que doit faire le premier serrement de main d’un jeune homme. Et d’ailleurs c’est empoisonner les joies de la pension, les plus douces de la vie. C’est priver de tout bonheur les pauvres jeunes filles qui meurent avant dix-huit ans ; c’est risquer de rendre méchantes pour la vie celles qui survivent. Si à seize ans on ne voit qu’une espionne dans une amie intime, quelle sécheresse d’âme n’aura-t-on pas à vingt-cinq, lorsqu’on aura éprouvé de véritables trahisons !

Réponse de mademoiselle Camp… à son amant.

Le réseau des établissements du Sacré-Cœur qui couvre la France est organisé avec une sagesse et un ordre admirables. Une religieuse commet-elle une faute, elle passe dans un couvent à cinquante lieues du premier, et tout est couvert par un silence complet.