Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/305

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trop prolongées de madame Persiani.

M. de Jo., l’homme de Lyon qui a peut-être la plus grande réputation d’esprit, me disait hier soir d’un air de triomphe : « Je ne conçois pas en vérité la réputation que les Italiens veulent faire à un peintre nommé le Corrège : ça n’est pas dessiné ; toutes ces figures ont le menton long : cela est dans le genre de notre Boucher, mais en vérité fort inférieur. »

Tout ce qui était présent applaudit, moi le premier. Ce serait grand dommage de gâter de telles gens de goût, il faut les avoir complets.

Il y a deux absurdités de détail dans les opéras français, même ceux de M. Scribe, cet homme d’esprit. On y parle en style noble. Dans le Philtre on dit en ces lieux pour ici, il sommeille pour il dort, avant le moment nuptial pour avant le mariage. Ce langage ôte toute sympathie, et tuerait l’effet dramatique, si tant est qu’il y eût quelque chose à tuer. Guillaume Tell est bien pis.

Mais il y a plus, beaucoup de ces malheureux ouvrages sont en vers. Or, comme la musique répète les mots, jamais ces vers n’arrivent à l’oreille du spectateur. Ils ne sont là que pour le malheureux Allemand qui lit la pièce. Et d’ailleurs, comment ce que les hommes de lettres appel-