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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

immense édifice, éclairé seulement par deux petites lampes devant les autels et par notre lanterne ? J’ai goûté avec délice cette joie d’enfant.

J’ai pris rendez-vous pour demain matin à huit heures avec le bon portier.

Il a poussé la complaisance jusqu’à me conduire au café à la mode : il est vrai que, comme je lui disais café à la mode, il n’a pas compris ; je lui ai demandé alors le café dont le maître gagnait le plus d’argent, celui où il allait le plus de monde, enfin, le café des officiers. À ce mot, la figure inquiète du portier s’est déridée, et nous nous sommes mis en marche.

Ce café n’est pas beau, mais il était plein de monde, mais on y parlait très haut, mais il y avait des officiers d’artillerie en brillant uniforme, et qui, jouant à l’écarté avec tout le feu de la jeunesse, s’exclamaient sur chaque coup. Tout cela m’a ranimé. J’ai donné audience au bon sens, qui me criait depuis une heure qu’il fallait absolument passer à Bourges toute la journée de demain. Quoi de plus ridicule que de quitter une des grandes villes de l’intérieur, où certes je ne reviendrai jamais, sans examiner ses monuments ? Sans doute, il doit y avoir ici quelque église fondée par Jacques Cœur, argentier de Charles VII, et le premier