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filosofia nova

flus qui donnent de la lenteur à sa phrase. Il est souvent embarrassé de conjonctions et de mots inutiles, comme en effet, pour finir.

Il a une solennité qui déplaît.

Son mérite est la clarté, d’animer tout par une image, mais dans ses pensées comme dans son expression il manque de grandeur et quelquefois de goût. Rien n’est plus ridicule que de mettre à côté de la difficulté de passer le Rhin ou de prendre telle place forte, celle de nommer telle chose en vers. Voilà mon avis sur les épitres et les satires, en y joignant que sa sensibilité me paraît toujours imitée, on peut dire qu’il manque de sentiment.

Mais toutes ces critiques tombent sur sa pensée, sa manière de l’exprimer en vers mérite d’être toujours étudiée et souvent imitée.

Une des causes de son succès fut, peut être, qu’on était las de l’enflé et de l’exagéré qui régnait lorsqu’il parut. On fut charmé du vrai qui règne dans ses images ; on ne remarqua pas qu’il y règne peut-être un peu trop de timidité. Qu’on s’imagine seulement Corneille chargé par Louis XIV de décrire le passage du Rhin devant Tholus, il n’aurait certainement pas parlé de la difficulté de faire entrer Wurts dans le vers[1].

  1. 8 brumaire XII [31 octobre 1803].