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pensées

l’univers à tort et à travers, qui offensent par conséquent l’amour-propre, et dont le chef s’écrie

S’ils ont des préjugés j’en guérirai les ombres !

Juger ainsi pour moi les hommes par un trait. D’Alembert par son mot à Voltaire sur Corneille.

*

Marmontel ne sent pas dans Pourceaugnac le mérite de l’intrigue qui tend si bien à faire naître la crainte dans le provincial, et c’est cela qui montre la tête vraiment dramatique.

*

Aristophane est plein de verve et a parfaitement fait ce qu’il voulait faire. Molière l’a imité quelquefois, chose ignorée de nos plats critiques qui se sont laissés éloigner des anciens par Voltaire.

Le froid Marmontel dit (II, 384)

« … Témoin la comédie des Nuées, exemple mémorable de la scélératesse des envieux, et des combats que doit se préparer à soutenir celui qui ose être plus sage et vertueux que son siècle. »

Voilà un dévot jugeant Tartufe. Cela est digne de la scène. Les ph[ilosophes] du 18e siècle (Voltaire, Marmontel, La Harpe, d’Alembert) ont si peu connu