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pensées


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Je crois que[1] pour bien faire la comédie il faut se dépassionner. J’étais tout plein des pensers d’amour il y a deux jours en finissant le racommodement of the two men. Voulant revoir le plan of t[he] t[wo] m[en] et l’idée du F[aux] M[étromane] m’étant venue, je suis obligé de remonter à la vue générale des passions.

Il y a une vallée délicieuse composée d’un grand nombre de contours invisibles les uns aux autres. Chacun est consacré à une passion et est composé des objets les plus propres à la porter à son maximum. Cette vallée est immense puisque Paris avec toutes les campagnes des environs, théâtre où vit le peuple le plus civilisé qui ait encore existé, n’en occupe qu’une partie. Le lac de Genève et ses environs, les îles Borromées et les délicieuses rives du lac Majeur, Naples et ses délicieux rivages, lieux où les mortels sont enflammés du plus fort amour qui puisse exister, en occupent trois parties différentes. La vanité habite dans quelques salons de Paris.

Cette vallée enferme tous les temps comme tous les pays ; elle ne suit point la courbe ordinaire de la terre, elle est

  1. 17 prairial XII [6 juin 1804].