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pensées

Christianisme, j’ai pensé à développer le combat de l’amour de Dieu et de l’amour dans le cœur d’une jeune fille passionnée, en un mot à faire une Clémentine protagoniste de tragédie. J’ai pensé tout de suite au prince Zizin pour amant. La scène serait alors à Sassenage près Grenoble.

Jusqu’ici (19 frimaire, imaginé le 18) je vois ce sujet trop élégiaque pour la tragédie. Il faudrait pour faire de ce sujet un chef-d’œuvre que tous les événements vinssent du caractère principal. Il me paraît bien difficile de rendre ce sujet intéressant pour notre siècle. On plaindra Clé[mentine] comme une folle charmante, si le style est bon, on viendra écouter une seconde fois de jolis sentiments en vers touchants, mais l’âme n’ayant pas été violemment émue on n’y reviendra pas une troisième. La scène dans le temps des Croisades.

*

Je ne sais pas grand chose en harmonie, mais il me semble que cette qualité du style a bien fait dire de bêtises.

La musique du style ne doit-elle pas toujours être d’accord avec ce qu’on dit ?

L’harmonie est donc différente pour chaque chap[itre]. Socrate recommande de sacrifier aux grâces, on doit donc tendre