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pensées

Tant qu’un homme se meut, il est toujours occupé à suivre une habitude, à réfléchir pour l’intérêt de sa passion, à savourer une sensation.

Chacune de ces trois choses peut faire agir une de ses trois parties en même temps. Exemple : au café de la Régence je prévois la fin de mon premier pain, j’en demande un deuxième, je savoure le premier imbibé de café, je pense aux développements du faux Métromane : ma langue et mes lèvres suivent une habitude, ma langue suit une sensation, ma tête réfléchit par ordre de ma passion et tout cela en même temps.

Chez moi l’habitude qu’a mon âme de faire réfléchir toujours la tête fait qu’elle aime beaucoup que mon corps ait des habitudes qui la dispensent presque entièrement de veiller sur lui. Je crois sentir (chez moi) qu’il n’y a proprement que mon âme qui ne suive point d’habitude et qui juge à chaque instant ce qui convient le mieux pour son bonheur.

Le corps et l’esprit (la tête) suivent des habitudes.

*
…et ma gloire m’en prie.
Attila.

Ce moi, isolé de la passion et que je